« La mendiante. » La blonde près de qui il s’était arrêté tourne lentement la tête vers lui et la baisse pour pouvoir le regarder. Son sourire aux lèvres qui ne la quitte jamais s’étiole légèrement lorsqu’elle comprend à qui elle a affaire. Mais son sourire éclatant reprend si rapidement ses droits qu’il a presque l’impression de l’avoir imaginé. Presque.
« Le nain tout mignon. » S’il a l’habitude qu’on s’adresse à lui en utilisant sa caractéristique, c’est bien la première fois qu’une femme le qualifie de mignon avec cette voix si engageante. Pour un peu il s’y croirait.
« On dit homme de petite taille. » Il fit la remarque sans y penser tout en s’asseyant sur le banc en face de la jeune femme qui pâlit légèrement.
« Oh, je suis vraiment navrée, je ne savais pas qu’on ne devait pas… Enfin que ça ne se… » Elle s’arrête de bafouiller et évite son regard consciencieusement. Il balaie ses excuses d’un geste négligeant et attrape une pomme du panier au milieu de la table.
« Ne vous excusez pas parce que je suis un nain. A priori vous n’y êtes pour rien. » Il esquisse un sourire en coin et croque dans le fruit. La blonde retrouve sa superbe et recommence son tricot.
« Je m’appelle Lulu. » Elle tendit sa main gauche et en grand gentleman, Cris l’attrapa pour y déposer un léger baiser, effleurement des lèvres qui la fait rougir. Il ne lui dit pas qu’il connait déjà son prénom. Lucette plus communément surnommée Lulu. Une petite mendiante que le cirque a prit sous son aile il y a de ça bien des années. Une blonde bien chanceuse qui utilise de nombreux talents, notamment son don avec les animaux. Une charmante demoiselle qui utilise bien plus son physique que son intelligence, bien plus fournie qu’elle n’y laisse paraitre. A première vue, c’est le prototype de la Barbie, la blonde un peu courte d’esprit, bimbo sur les bords et d’une générosité à toute épreuve. Il ne lui a fallut pas moins de deux semaines pour découvrir une étincelle de malice dans ses yeux océan et comprendre que la blonde écervelée n’était rien d’autre qu’une couverture. Une bonne, mais une simple couverture.
« Cristofer. » Il incline légèrement la tête vers elle ce qui éclaire ses yeux bleus. Sans dire mot de plus, il quitte la table avec son fruit pour la laisser là, le premier round achevé.
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« Pourquoi les animaux ? » Furtif comme il était, il parvint à la faire sursauter. Elle se retourne promptement et baisse la tête pour l’apercevoir. Une main sur son cœur comme pour l’enjoindre à battre plus lentement, un sourire charmeur se forme sur ses lèvres pulpeuses.
« Parce qu’ils sont simples. Purs. » Elles sont déjà loin les grande phrases mièvres qu’elle sort une fois sur quatre. Cela fait deux mois qu’ils se cherchent, qu’ils se trouvent. Il a comprit qu’elle était plus qu’un simple corps, elle a saisit qu’il cherche à tout prit à compenser sa petite taille. Si leurs discussions se passaient régulièrement à cœurs ouverts, ils gardaient tout deux une part de mystère, de noirceur. Ils avaient conscience du monde qui les entourait et jouaient leurs rôles à la perfection. Tout n’était qu’acte et comédie. Cette grande scène, ce grand spectacle que l’on appelle la vie.
« Je pars demain. » Il avait terminé son expérience ridicule. Le cirque ce n’était pas pour lui, jamais plus.
« Je sais. » Elle déposa un seau de viande dans l’enclot des lions avant de le refermer et de se tourner vers lui.
« Je me rappelle. Tulsa. » Il lui avait laissé ses coordonnées, si jamais elle voulait devenir autre chose qu’une dresseuse de fauves. Ou si l’envie lui prenait de dresser son fauve à lui.
« Tulsa. » Il hocha la tête et entreprit d’attraper sa main pour y déposer un dernier baiser.
« Au revoir Lulu. » Elle esquissa un léger sourire avant de se baisser pour déposer un baiser sur sa joue.
« A bientôt homme de petite taille. » C’est un grand sourire aux lèvres qu’il fit demi tour pour la laisser derrière lui. Encore.
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« Je cherche un livre. » Cris lève la tête de son livre qu’il ferme pour dévisager avec attention la brune devant lui.
« C’est souvent ce qu’il se passe dans une bibliothèque. » Il n’avait pas utilisé un ton particulièrement sarcastique mais le mal était fait. Pour autant, la brune en s’en formalisa pas et au contraire, s’avança un peu plus vers lui et alla jusqu’à poser son fessier sur le bord de son bureau. Le regard de l’américain alla de son postérieur à ses yeux, en s’attardant légèrement sur sa poitrine.
« Les écrits d’un certain Freud ? » Sa voix remonta légèrement vers la fin ce qui laissait signifier une question. Etrange puisqu’après tout c’était-elle qui venait le chercher.
« Vous êtes étudiante ? » Elle était un peu trop vieille pour cela et il en avait parfaitement conscience. Il désirait simplement savoir si elle allait mentir ou non. Et la réponse le surprit agréablement, un léger rire sincère et un geste négligent de la main.
« Mon dieu non, je ne suis pas une femme d’esprit. » Elle se pencha vers lui et passa un doigt de son cou au premier bouton de sa chemise. Se léchant la lèvre, il observa avec attention ses yeux pour y déceler la moindre trace d’espièglerie. Elle est là pour une raison et certainement pas parce qu’elle désire le mettre dans son lit.
« Je suis une femme d’action. » Réplique évidente qui lui arracha tout de même un sourire entendu.
« Hum hum. » Il resta immobile en attendant le second round mais lorsqu’elle releva le regard, il se posa au-delà de lui et elle reprit immédiatement son doigt et une position des plus décentes. Elle ne manqua pourtant pas de se pencher vers lui pour lui murmurer.
« Ce n’est pas terminé. » Il la regarda s’éloigner, songeur, lorgnant sans discrétion aucune le déhanché qu’elle lui offrait. C’est son frère cadet qui apparut dans son champ de vision, lui qui avait fait fuir la demoiselle. Intéressant.
« C’est une socs tu sais. » Il ne s’embarrassait pas non plus de formalités.
« J’étais arrivé à cette conclusion. » C’était la seule raison pour qu’elle ait fuit si rapidement son frère. Il hocha la tête et porta attention à son frère.
« Qu’est ce qu’y t’amènes par ici ? » La bibliothèque était loin d’être son lieu de prédilection.
« Tu m’expliqueras comment tu peux faire pour te retrouver constamment entouré de magnifiques demoiselles. » Un léger rire secoua le nain qui leva les yeux au ciel. Quelques fois son frère était imperméable à toute réflexion intense.
« A ton avis, (…) » Il exposa enfin la vraie raison de sa venue, un conseil concernant la manière la plus appropriée de s’y prendre avec leurs ennemis. Cris l’écouta d’une oreille seulement essayant de comprendre exactement ce que faisait la brune. Une chose était certaine, il ne voulait pas entrer dans leurs histoires puériles. Il y baignait littéralement dedans malheureusement, sa famille avait choisit pour lui.