∞ i will not fall, i will not fail, let this fire consume me. (ELIOTT)

chuckcaps tumblr.
This is the way you left me, i'm not pretending.
No hope, no love, no glory, no happy ending.
This is the way that we love, like it's forever.
Then live the rest of our life, but not together.
lyrics; mika/ happy ending.

Une nouvelle journée se terminait au poste pour Meera. Nouvelle mais identique. Depuis qu'elle était arrivée à Tusla, la jeune femme avait l'impression que les jours se suivaient et se ressemblaient tous. Et elle détestait cela. Bien sur, elle avait sa fille, Betsie, son petit rayon de soleil, mais comment oublier la vie qu'elle menait encore il y a deux ans ? Son coeur se serra à cette pensée, car elle savait qu'elle ne retrouverait jamais une vie pareille. La porte d'entrée claqua et Meera sortit de ses pensées. Elle laissa son regard parcourir la salle. Elle ne fut pas surprise de voir quelques Greasers en cellule. Alors qu'elle se levait pour aller chercher sa veste et son sac, un vieil alcoolique en dégrisement s'amusa à faire des bruits ... plus que significatifs quand elle passa devant lui. Elle choisit de l'ignorer, ayant l'habitude de ces phénomènes désormais. Dans un soupir, elle se dit que les affaires sur lesquelles elle travaillait à New-York étaient quand meme plus intéressantes. Mais elle ne regrettait pas son choix, elle ne pouvait décidément pas rester là-bas.
Meera salua ses collègues avant de passer la porte de sortie. Avant de monter en voiture, elle composa le numéro de chez elle, pour prévenir la nounou de Betsie. « Juliet, c'est moi, je voulais juste m'excuser du retard, j'ai été retenue au poste plus longtemps que prévu. J'espère que Betsie a été sage. J'arrive d'ici un petit quart d'heure. Je... » Meera se stoppa net dans sa phrase. Son coeur se mit à battre la chamade. C'était ridicule, il ne pouvait pas être là. Elle devait halluciner. L'homme la regardait, et elle sentit ses jambes fléchir. Sa gorge était sèche, et elle cligna des yeux plusieurs fois de suite pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Non, c'était vraiment impossible. Elliot était mort, et cet homme était simplement son parfait sosie. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Tremblante, elle se dirigea d'un pas mal assuré vers son véhicule, tentant d'ignorer ce qu'elle avait vu. Meera se mit à farfouiller dans son sac, avec des gestes maladroits, à la recherche de ses clés. Elle n'avait pas l'habitude de se mettre dans des états pareils, mais tout ce qui la ramenait au décès de son mari était encore trop douloureux, et voir quelqu'un lui ressemblant trait pour trait, c'était pire que tout. La jeune femme commençait à s'énerver de ne pas trouver ses clés; elle voulait quitter les lieux au plus vite, et ne souhaitait pas se retourner pour voir si il était toujours là.

Meera sursauta lorsqu'elle entendit son prénom. Elle n'avait pas l'habitude de perdre son sang-froid mais dans une situation pareille, elle sentait qu'elle perdait tous ses moyens. Et elle n'aimait pas ça. Brusquement elle se retourna et fit face à l'homme qui se trouvait désormais juste derrière elle. C'était la voix d'Eliott, elle l'aurait reconnu entre mille, et pourtant, elle ne pouvait pas se résoudre à croire que son mari était là, tout près d'elle. Elle ne pouvait pas non plus croire qu'elle voyait un fantôme, bien sur. Elle était suffisamment réaliste pour savoir que ça n'existait pas, et elle ne pouvait pas réellement avoir des hallucinations après deux ans. Son regard se perdit dans les yeux bleus du jeune homme, comme si elle était à la recherche de réponses.
Meera voulait parler mais les mots restaient coincés au fond de sa gorge. Que pouvait-elle dire, alors que l'évidence se faisait de plus en plus claire à ses yeux. Une évidence qui fait mal, qui parait improbable, irréaliste. Elle avait donc été trompée pendant deux ans. L'homme qu'elle avait aimé, et qu'elle aimait toujours malgré tout ce qui s'était passé, n'aurait pas pu lui faire une chose pareille. Elle refusait d'y croire. « E...Elliot. » Ce n'était pas une question, mais bien une affirmation, comme si prononcer son prénom à haute voix rendrait la chose plus facile à croire. Elle sentit une boule se former au creux de son ventre, alors qu'ils se fixaient dans les yeux. Tout à coup, comme si c'était un geste tout à fait naturel après le temps passé, Meera tendit sa main tremblante vers le visage d'Eliott. Elle voulait s'assurer qu'elle ne revait pas, que l'homme de sa vie n'était pas qu'un mauvais tour joué par son esprit. Mais à peine eut-elle effleuré sa joue, qu'elle laissa retomber son bras le long de son corps. La jeune femme sentit les larmes monter à ses yeux, malgré les efforts surhumains qu'elle faisait pour se contrôler. « Non. Non. C'est impossible. Tu es ... Eliott est mort. Il y a deux ans ... » bredouilla-t-elle, dans l'espoir de se convaincre. Comme si elle avait été subitement prise d'une grande fatigue, Meera se laissa glisser le long de sa voiture. Il était plus facile pour elle de nier les faits. Après deux ans, alors qu'elle tentait de reconstruire un semblant de vie, son passé la rattrapait de la manière la plus violente et cruelle qui soit.

Ca paraissait plus que fou, en effet. Meera se croyait dans un mauvais film policier, ce genre de films irréalistes qui font rêver les petites minettes. Et elle détestait faire partie de celui-ci. Elle sentait que tout s'embrouillait dans son esprit, malgré les explications d'Elliot. Dans son métier, elle avait appris que tout était possible, mais maintenant qu'une de ces histoires tordues la concernait, elle avait du mal à y croire. « Qui ça "ils" ? Le ... le FBI ? Mais ils n'ont pas le droit de faire des choses pareilles ! C'est inhumain ... » Elle failli rajouter "Elliot" à la fin de sa phrase, mais elle se stoppa net. Elle savait désormais que c'était bien son mari qui se tenait devant elle, mais elle n'avait pas le courage de prononcer son nom à voix haute. C'était étrange, mais pendant deux ans, elle avait refusé de le faire, elle l'avait seulement gardé dans ses pensées, elle n'avait jamais dit son nom à ses nouveaux amis. La jeune femme se disait que la douleur serait moins grande et que le fait de ne le garder que pour elle, préserverait ce qu'ils avaient vécu de l'oubli. Elle se rendait compte aujourd'hui à quel point cela semblait ridicule.
« Une amnésie ? Oh mon dieu. » Choquée, elle porta sa main à ses lèvres. Tout se faisait plus clair dans sa tête. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir disparu pendant deux ans et de réapparaitre comme par magie aujourd'hui. Elle aurait du savoir qu'il n'était pas mort, elle n'aurait pas du perdre espoir. Le fait qu'ils n'avaient pas retrouvé son corps aurait du lui mettre la puce à l'oreille mais il avait été plus logique pour elle de croire aux paroles du FBI. « C'est de ma faute, j'aurais du comprendre que tu n'étais pas ... mort quand ces agents du FBI sont venus et qu'ils m'ont dit que ton corps était introuvable. J'ai été ... » Bête, idiote, irresponsable, aveugle, défaitiste, lâche. Tous ces adjectifs défilaient dans sa tete, et elle ne savait pas lequel lui correspondait le mieux. D'un coté, pourquoi aurait-elle remis en doute la parole du FBI, qui sont censés représenter une sorte de justice, un sens du bien ? Mais Eliott était son mari, elle aurait du savoir que quelque clochait.
Le contact de la main d'Eliott sur sa joue la fit frissonner. Délicatement, elle la prit dans la sienne et fixa cet homme qu'elle croyait ne jamais revoir dans ses yeux. Et elle vit qu'il était sincère. Elle avait toujours su quand il disait la vérité, quand il mentait. Et inversement. Ils se connaissent tous deux mieux que quiconque et ne pouvaient rien se cacher. La jeune femme se mordit intérieurement la joue lorsqu'il avoua qu'il était venu pour la voir. C'en était trop. Des larmes coulèrent le long de ses joues. « Je suis désolée. » Elle ne savait pas réellement pourquoi elle s'excusait. Sans doute parce qu'elle n'avait pas su voir la vérité, parce qu'elle avait douté de lui, parce que dans son malheur, elle avait tout fait pour essayer de refaire sa vie, sans succès. Ses pensées vagabondèrent vers Betsie. Comment lui annoncer qu'il était papa d'une petite fille qu'il n'avait jamais vu ? « Et ... et ou étais-tu pendant deux ans ? Ou est ce qu'ils t'ont envoyé, qu'est ce qui t'est arrivé ? » Les mots se bousculaient dans sa bouche, elle avait tellement de questions, mais Meera ne savait pas par ou commencer. Cette situation paraissait tellement tirée par les cheveux. Elle se demandait si il avait refait sa vie. Au fond, comment pourrait elle lui en vouloir si il avait oublié tout ce qui avait fait part de sa vie ? Elle se mit à penser qu'il valait mieux pour lui qu'il ait en effet trouvé quelqu'un pour l'aider. Meera n'osait imaginer à quel point cela devait être dur de recommencer sa vie à zéro.

La jeune femme secoua la tete, en signe de déni. « Il y avait forcément d'autres solutions, j'aurai pu partir avec toi, être là pour t'aider. C'est injuste de leur part de m'avoir fait croire que tu étais ... mort. » Elle avait été trompée, on lui avait menti pendant deux ans, et elle détestait ça. Et l'idée que si l'amnésie d'Elliot avait perduré, elle n'aurait jamais su qu'il était vivant, la perturbait. Meera cligna des yeux pour chasser ces idées de sa tête. Il était là désormais, et c'était tout ce qui comptait, non ? Mais comment étaient-ils supposés retrouver leur vie d'avant ? Ca paraissait improbable, trop de choses s'étaient passées en deux ans. Et pourtant, ce n'était pas l'envie qui manquait à la jeune femme, meme si cette situation lui paraissait toujours aussi tordue. Elle n'avait qu'une envie : se jeter dans ses bras, sentir son corps contre le sien, ses bras forts l'entourant. Tous ces souvenirs qu'elle avait tenter de douloureusement enfouir au plus profond de son être, remontaient à la surface, et elle pouvait alors se rendre compte qu'il était facile de faire semblant, mais oublier réellement était impossible. « Sans doute que je n'y suis pour rien, mais j'aurais du me douter que quelque chose clochait. J'avais l'habitude d’enquêter sur des cas tordus, j'aurais du chercher à voir plus loin. » Meme si c'était unjustifié, Meera ressentait alors une grande culpabilité. Elle avait vu de nombreuses enquêtes bizarres dans son métier, et Eliott lui faisait part des siennes. Elle savait qu'il fallait toujours voir plus loin que le bout de son nez, et pourtant, elle n'avait pas cherché.
Meera ne put retenir une légère grimace de déception. A quoi s'attendait-elle ? Il avait entamé une nouvelle vie, et il aurait été cruel qu'il ne rencontre pas quelqu'un, elle le savait. Mais entendre de sa bouche qu'il avait rencontré une femme lui fit énormément de mal, même si elle se débattit pour le cacher. « Oh. C'est super. Enfin tant mieux. Je suis contente de savoir que tu n'as pas passé ces deux ans tout seul ... ça doit être difficile de tout recommencer à zéro. » Meera savait que les personnes amnésiques pouvaient se montrer très fragiles, c'est pourquoi elle voulait le ménager. Après avoir ravalé les larmes qui commençaient à monter, elle adressa un grand sourire à Eliott, et dans un geste inattendu, le prit dans ses bras. « Vraiment, je ... je suis heureuse pour toi. » Elle mentait, au plus profond d'elle même, elle aurait souhaité qu'il n'ait rencontré personne, qu'ils recommencent leur vie tous les deux. Ou plutôt tous les trois. Meera pensa à Betsie qui l'attendait à la maison. Elle inspira fortement, afin de se détendre, alors qu'elle l'étreignait de la façon la plus amicale possible. Elle tenait à sa fierté, et ne voulait pas qu'il la voit vulnérable, alors elle avait choisi de jouer la carte de l'indifférence. Difficilement, la jeune femme se dégagea et recula d'un pas. Elle souriait toujours à Eliott. Tout ce que la jeune femme voulait, c'était le bonheur de son mari, et si ce bonheur se trouvait désormais avec quelqu'un d'autre, elle devait le respecter, et se montrer heureuse pour lui. « Eliott ! Je ne pourrais jamais te détester, tu n'as pas choisi ce qui t'est arrivé, ça ... nous est tombé dessus comme ça. C'est tout. Je ne vais pas te détester parce que tu as refais ta vie. C'était justifié, et je suis sure que cette femme est quelqu'un de très bien, et ... elle a beaucoup de chance de t'avoir. » Le sourire de Meera se faisait de plus en plus gêné. Elle détestait ne pas etre sincère avec lui, car elle l'avait toujours été, et commencer maintenant la contrariait.
La jeune femme se mordit intérieurement la joue, lorsqu'il aborda le fait qu'elle aussi avait sans doute pu refaire sa vie. Ce n'était pas le cas. Elle n'avait rencontré personne, enfin si, des hommes, elle en avait rencontré beaucoup. Mais personne pour lui faire oublier Eliott. Elle ne s'était engagée avec aucun, préférant prendre son temps. Encore une fois, Meera préféra lui mentir. « J'ai rencontré quelqu'un il y a peu de temps, oui ... », dit-elle, la gorge sèche. Elle ne l'avait pas regardé en disant cette phrase, car elle savait qu'il aurait pu voir dans ses yeux qu'elle ne disait pas la vérité. Eliott était sans doute une des rares personnes à pouvoir lire en Meera comme dans un livre ouvert. Il avait toujours su quand elle n'allait pas bien, quand quelque chose la tracassait. Alors elle avait préféré regarder ailleurs plutot que de croiser son regard. Elle pensait avoir dit cela pour son bien.

« Je suis pas sure qu'on puisse dire que j'ai remonté la pente, Eliott. J'ai juste fui tout ce qui me rappelait notre vie, j'ai fui New-York, nos amis, mon job. Ce n'est pas ce que j'appelle du courage ... », répondit Meera, un sourire peiné se formant sur son visage. Elle n'avait pas surmonté cet évènement, quoique puissent en penser les gens. C'était facile de faire semblant, bien plus compliqué d'oublier vraiment, de faire comme si de rien était. Sa vie ne serait plus jamais la même. A moins qu'Eliott et elle reconstruisent quelque chose ensemble de nouveau, mais ça paraissait improbable à l'heure actuelle. Il avait vraiment l'air de tenir à cette femme qui partageait désormais sa vie. « Tu te souviens de la difficulté que tu as eu à me séduire au moins ? » plaisanta-t-elle. Du moins, elle essaya de plaisanter, histoire de détendre l'atmosphère. C'était une situation difficile pour elle, et elle se doutait bien que ça devait etre pire pour Eliott. Découvrir du jour au lendemain que la vie que tu mènes n'est pas ta vraie vie, ça ne doit pas être la chose la plus agréable à réaliser. « Et ... tu te souviens de quoi exactement ? » risqua-t-elle. Meera savait qu'il fallait qu'elle aborde le sujet de Betsie. Mais comment lui avouer une chose pareille ? Ca risquait de chambouler sa vie encore plus qu'elle ne l'était déjà. Bien sur, elle lui avouerait, mais elle ne se sentait pas encore prête. Sauf bien sur si il lui demandait. Il fallait qu'elle trouve les mots pour lui annoncer.
« Je sais ne t'en fais pas, je te connais. On a vécu une belle histoire, et les évènements ont fait que ça s'est terminé. Tu as tous les droits de refaire ta vie, c'est normal. » Chacun de ses mots sonnait faux à ses oreilles, et les prononcer lui faisait terriblement mal. Le nœud au creux de son ventre se serrait de plus en plus au fur et à mesure qu'elle parlait. Elle détestait lui mentir, elle détestait l'idée de le savoir dans les bras d'une autre, et par dessus tout, elle détestait ce qui leur était arrivé. Lorsqu'il lui dit qu'il sentait que sa place était ailleurs, elle eut envie de lui dire qu'ils pouvaient recommencer une nouvelle vie tous les deux, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Elle se sentait tellement perdue. Meera décida qu'il valait mieux éviter de répondre. « Elle a l'air de quelqu'un de bien. Et elle a plutôt intérêt, sinon je m'occupe moi même de lui botter les fesses. » Intérieurement, la jeune femme se maudissait d'avoir prononcé ces mots. Stop Meera, on arrête les blagues vaseuses, ce n'est pas vraiment la situation adéquate pour.
Meera regretta terriblement d'avoir dit qu'elle avait quelqu'un. Elle avait l'impression de passer pour l'insensible, qui à peine deux ans après, avait déjà retrouvé quelqu'un alors que c'était faux. Elle n'avait personne et elle devait se faire violence pour ne pas lui sauter dans les bras, lui dire qu'elle n'avait personne, que le seul qu'elle avait jamais aimé se trouvait juste devant elle à l'instant, et qu'elle était prête à tout pour le récupérer. « Je ... Non. » Elle était à deux doigts de lui dire la vérité. « Hum, et ton amie, elle est venue avec toi ? » Pitié, faites qu'il dise non, pensait-elle, croisant intérieurement les doigts. Meme si, finalement, ça n'aurait pas changé grand chose. « Et ... et tu penses rester à Tulsa combien de temps ? » La jeune femme se demandait si ils allaient se revoir, ce qu'il allait se passer ensuite, car une découverte pareille ne pouvait rester à ce stade là. Elle se demandait comment elle réagirait lorsqu'Eliott repartirait de Tulsa. Elle pensait vraiment que ce serait pire que tout, le perde une seconde fois, elle ne savait pas si elle pourrait le supporter. Et Betsie aurait besoin d'un père, qui plus est.

Meera fut secouée d'un petit rire. « Je te rassure, je suis toujours aussi méfiante avec les hommes. » Elle avait même envie de rajouter qu'elle n'avait trouvé personne à son gout pour le remplacer, mais ayant dit plus tôt qu'elle avait rencontré un homme, elle ne pouvait se le permettre. Pour son bonheur, il ne fallait pas qu'il sache qu'elle lui avait menti là-dessus. Meera eu envie de pleurer lorsqu'il lui parla de tous ces souvenirs. Leur mariage avait été un des plus beaux jours de sa vie, et pourtant, avant qu'elle ne le rencontre, elle pensait que celui qui lui passerait la bague au doigt n'était pas encore né. Elle s'était trompée, car il lui avait fait oublier tout ce qu'elle pensait au sujet des hommes auparavant. Meera, avant leur rencontre, était une de ces femmes qui se pensait mieux seule, qui était indépendante et séductrice, mais qui ne s'engageait que rarement. Souvent ceux qui se décidaient à la séduire abandonnaient en voyant la façon dont elle les repoussait. Mais pas Eliott, il avait continué, et ses efforts avaient payé. Elle avait succombé à son charme, et ne l'avait jamais regretté, même pas une seule seconde.
Meera savait qu'elle avait des aveux à faire; visiblement il ne se souvenait pas qu'elle était enceinte quand il a disparu. Mais lorsqu'elle ouvrit la bouche pour parler, les mots restèrent coincés dans sa gorge. Pourquoi était-ce si difficile de tout avouer ? Sans doute cela faisait il beaucoup pour l'instant, mais Meera s'en voulait terriblement de ne pas réussir à trouver les mots justes. Il n'avait pas vu Betsie grandir, il ne savait pas qui elle était, comment elle s'appelait, et Meera se mettait à la place d'Elliot. Apprendre du jour au lendemain qu'on est père d'une petite fille âgée d'un peu plus de deux ans, cela devait faire beaucoup à encaisser. Mais elle ne pouvait pas le laisser quitter Tulsa sans le mettre au courant, elle le savait.
Une grande déception se dessina sur le visage de Meera lorsqu'il annonça que sa petite amie était venue avec lui. Secrètement elle avait espéré que non, mais c'était trop beau pour être vrai, et elle se mit à prier pour ne pas la croiser. Cela lui ferait terriblement mal de voir son mari avec une autre femme. La jeune femme tenta de se ressaisir, il ne fallait encore une fois pas qu'Elliot se doute qu'elle ne l'avait pas oublié et qu'elle n'avait pas refait sa vie. Elle le sentait trop fragile pour cela et préférait lui mentir, c'était mieux pour lui. Mais lorsqu'il avoua qu'elle était là pour le surveiller, pour s'assurer que ses sentiments ne refassent pas surface, Meera sentit de nouveau son coeur battre la chamade. Etait-ce donc possible qu'il ressente encore quelque chose pour elle malgré tout ? Une larme coula le long de sa joue. Cette situation était trop difficile à supporter, meme pour elle, et elle ne savait plus quoi faire. Avouer qu'elle avait menti, sauter dans ses bras, l'embrasser, partir en pleurant, se retourner et ne plus jamais le revoir ... toutes cs alternatives tournaient et retournaient dans son esprit, sans qu'elle ne parvienne à décider laquelle était la meilleure. « Ne dis pas ça, ce n'est pas grave, cette situation est vraiment gênante, et tu dois être perturbé de me revoir. Mais je vois que tu tiens beaucoup à cette femme, alors ne t'en fais pas, je vais faire comme si ... comme si tu n'avais rien dis. Mais sache que jamais tu ne m'ennuieras. Je serais toujours là si tu as besoin. D'ailleurs, en parlant de ça, je crois qu'il est temps que je t'avoue quelque chose ... » La gorge sèche, Meera dut saisir tout son courage à deux mains pour lui annoncer ce qui allait suivre. Elle avait conscience qu'elle allait encore plus bouleverser sa vie, mais il le fallait, et c'était le moment ou jamais. Elle ne savait pas combien de temps il resterait à Tulsa, donc il fallait qu'elle saute le pas. D'une main tremblante, elle saisit son portefeuille et en tira une photo qu'elle tendit à Elliot. C'était elle en compagnie d'une petite fille, qui se trouvait être Betsie. Elle savait qu'il verrait la ressemblance. Elle avait exactement les mêmes yeux que lui, et les cheveux blonds de sa mère. A ce moment là, Meera n'osait lus le regarder dans les yeux, elle avait peur de voir sa réaction. « Elle s'appelle Betsie, et ... c'est ta fille. Notre fille. » Sa voix trembla lorsqu'elle prononça ses mots, elle qui pensait jusqu'ici que un jour, elle devrait expliquer à sa fille pourquoi elle n'avait pas de papa, comme les autres enfants. Submergée par l'émotion, elle préféra détourner le regard.

Entendre ces mots lui fit terriblement mal, car même si elle savait que ce n'était pas de sa faute, elle lui en voulait d'avoir refait sa vie avec une autre femme, et de lui dire qu'il pensait toujours ses vœux. La "mort" les avait séparé, et c'était une première entorse à ces fameux vœux. Et maintenant, il voyait quelqu'un d'autre. Ce n'était plus un mariage, et d'ailleurs, elle ne savait pas comment appeler cela. Si cela ne tenait qu'à elle, Meera choisirait de reprendre sa relation avec son mari, mais Eliott semblait tenir à la femme qui était à ses cotés, et et la jeune femme avait le sentiment qu'elle ne pouvait rien faire contre cela. Et cela ne se ferait pas de tout faire pour les séparer, Meera n'était pas comme ça, et au fond, tout ce qu'elle souhaitait, c'était le bonheur d'Eliott. « S'il te plait, Eliott arrete de répéter que j'en aime un autre, j'ai l'impression de passer pour un monstre. Tu es et tu seras toujours le seul homme que j'aime, et quoique je dise, je n'ai jamais, jamais réussi à te remplacer. Et si le temps a tout changé malheureusement. Tu aimes cette fille; je le vois dans tes yeux quand tu en parles, et je sais que je ne peux pas te le reprocher mais c'est plus fort que moi. Je ne peux pas t'imaginer dormir à coté d'une autre femme, l'embrasser, la consoler quand elle va mal. » Elle en avait assez de lui mentir, mais préférait laisser le doute planer sur sa vie privée. (...)
Meera fut toute retournée de voir un sourire se dessiner sur le visage du jeune homme. Elle avait imaginé une toute autre réaction, mais soulagée, elle se mit à sourire à son tour. Elle savait qu'Eliott adorait les enfants. Elle avait juste pensé que dans ces circonstances, il ne serait pas heureux de l'apprendre. Honteuse, elle se mit à penser jalousement qu'elle ne voulait pas que sa nouvelle compagne approche Betsie. C'était ridicule, elle était surement très gentille, mais son instinct maternel lui disait sans doute qu'elle était dangereuse. Meera leva le visage vers Eliott, et fut surprise mais également touchée de voir qu'il avait les yeux humides. Même durant toutes leurs années de vie commune, elle ne l'avait vu pleuré que très rarement, et ce fut un choc. « Elle est très joueuse, comme son père. » lâcha Meera. Elle avait beau être petite, la jeune femme ne pouvait que admettre qu'elle ressemblait en beaucoup de points à Eliott. « Je ... je suis sure qu'elle sera ravie de te rencontrer. » Ses lèvres formèrent un sourire hésitant, qui fut bientôt mêlé aux larmes. Pas une seconde, elle n'avait imaginé vivre un truc pareil un jour, mais elle ne pouvait que se sentir heureuse pour Betsie, qui n'aurait pas à grandir sans père, bien qu'elle se demanda comment ils allaient s'organiser pour les gardes et compagnie, vu qu'Eliott ne vivait pas à Tulsa. « Oui elle est très belle, elle en fera des ravages plus tard. » dit-elle, la voix secouée de sanglots, alors qu'il lui tenait la main. Lasse, elle se laissa aller toute contre l'épaule de celui qui fut l'homme de sa vie.