I don't feel the same in these bones anymore.

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Clay Entwistle
✚ Lead me away from those blood thirsty bastards, making plans for no one but themselves in this world of disaster. ✚

PRÉNOM(S) ɕ Clay.
NOM ɕ Entwistle.
AGE ; DATE ET LIEU DE NAISSANCE ɕ 25 ans, 08 Mai 1986 à Tulsa, USA.
NATIONALITÉ ɕ Américain.
GROUPE ɕ Folks.
STATUT ɕ Célibataire.

« everyday i die »

« Abuse my love a thousand times, however hard I tried. Heartbreaker, your time has come, can't take your evil way. »

Trois soirs sur cinq, le groupe et moi balançons quelques reprises sur la scène d’un club. J’aurais aimé croire qu’on apportait quelque chose, ne serais-ce qu’un putain de bon moment aux gens, mais ces connards d’ivrognes nous écoutent à peine. Le truc c’est qu’on peut pas réellement se plaindre, primo parce qu’on aurait eu vite fait d’être remplacés, secundo parce qu’on a méchamment besoin de thunes. J’ai mes techniques pour marquer les mémoires et être, le temps d’une soirée, une pâle copie de ce foutu Jim Morrison. Je m’allume parfois des cigarettes sur scène, parfois je pleure. D’autres fois je vomis des injures et ils m’en balancent des pareilles et j’ai alors l’impression de sentir l’attention s’accroître. Mais Deck, Sam et les autres, ça les branche pas des masses et je les surprends de temps en temps se lever, abandonner leurs instruments sur les planches et s’en aller tout simplement. C’est là que sous les huées, sous les yeux des propriétaires de ces conneries de club à deux balles, j’éclate de rire sans raison.

Un soir j’ai décidé de jouer la carte du mec transparent, et de chanter Heartbreaker guitare à la main sans qu’on m’emmerde, et sans emmerder personne. J’avais même invité quelques potes pour l’occasion, du moins les avais-je appâtés en prétextant une tournée générale que j’aurais sans soucis balancée sur ma note. N’importe quoi. C’était que des bobards, plutôt mourir que de débourser un centime pour cette bande de dégénérés. Sauf peut-être pour Cleo et Joan. Mais c’est pas la même chose, parce que c’est des sacrées nanas et aussi parce que j’aurais sacrifié un rein, ou je sais pas, n’importe quel organe pour elles. Je les ais d’ailleurs longtemps cherchées du regard, perché là où j’étais, mais cette salle était plutôt sombre et je crois que j’étais légèrement sous influence. J’avais du croquer un Valium ou une saloperie de ce calibre.

« Go away, Heartbreaker. » Je souffle, les mains salement tremblantes, la gueule éclairée au néon.

Je m’accrochais à la tige du micro comme si ce truc débile allait me sauver de je ne sais quoi. Peut-être de moi, peut-être de ce gamin bizarre aux cheveux foncés qui porte un t-shirt Temple of Doom merdique, ou peut-être de ma putain de faiblesse qui constamment me fait baisser les yeux et m’empêche de faire des choix. Est-ce que je voulais être un héros, ou un loser, est-ce que je voulais véritablement quelque chose ? Et là je les ai vues, parfaitement fringuées, comme deux petites figurines ballotées par une horde de sauvages qui gémissent et dont les intérêts n’ont aucun sens. Je crois qu’on est un petit trio répugnant. Je crois aussi que j’arriverais jamais qu’à leur trouver à toutes les deux des qualités et que j’aime bien le fait qu’on soit toujours fourrés ensemble. Y a qu’elles qui disent « Clay, t’es vraiment cynique. » ou encore « Clay, avale ta putain de langue de vipère. » sans même que ça me mette en rogne ou que ça paraisse vulgaire. J’ai toujours trouvé Cleo vraiment chic, et Joan m’a embrassé une fois. Un truc un peu chaste et pas tellement humide que j’avais apprécié jusqu’à ce que ce muscle rougeâtre résidant dans le coin gauche de mon thorax se mette à cogner si fort que j’ai eu l’impression d’avoir alors fait la plus grosse erreur de ma vie. J’ai blessé Cleo ce soir là, enfin je crois. On n’en a jamais vraiment discuté. Le problème c’est que j’ai senti ce flot d’adrénaline et que je l’ai accueillit comme un vieux pote, les bras ouverts, genre, avec le sourire.

« Heartbreaker ! Heartbreaker ! Heart… »

Je termine le morceau en gloussant comme un malade et je file en bas des marches en lançant quelque chose qui ressemble à « merci bande d’enculés, c’était les Coughing Dolls et on vous déteste. » J’ai pas bien regardé où allaient les autres et à vrai dire j’en avais pas grand-chose à foutre, tout ce que je voulais, c’était éviter les coups de poings amicaux sur l’épaule et retrouver vite fait ces deux gonzesses qui comptaient beaucoup trop pour moi. Je remarque que je porte un foulard autour du cou et je me demande si elles vont se foutre de ma gueule, parce qu’il est beige, et qu’il me donne l’air d’un bourgeois un peu coincé. Cette tarée de Joan ne laisserait jamais passer une telle occasion de me vanner. C’est ce que j’ai pensé en m’approchant d’elles, le front ruisselant et les pupilles très légèrement dilatées. J’ai envie de leur chuchoter des trucs pour qu’elles rigolent. Mais je me contente de faire un sourire et elles me sourient en retour. Une inconnue m’accoste et je finis par lui dire que j’ai des pratiques sexuelles déviantes pour qu’elle s’en aille.

« J’aime beaucoup ton foulard. » S’exclame Joan à travers le brouhaha. Même là j’entends distinctement le sarcasme.

« En fait il est plutôt moche. » Répond Cleo en écho.

Au fond je suis à deux doigts de me marrer.

Les casquettes portées à l’envers c’est à peu près tout ce que Clay déteste, car c’est un type passablement ouvert d’esprit, dans les grandes lignes. Il est allergique au chocolat mais ça l’handicape pas des masses tant qu’il a des paquets de céréales sous la main. Il aime bien les animaux mais c’est ces connards qui ne l’aiment pas. Porter des fringues dégueulasses ne lui pose pas de problème et dormir dehors non plus. Il prends des amphétamines et des hallucinogènes de façon régulière et s’imagine que ça n’indispose personne. Il voudrait changer le nom de son groupe mais ses goûts sont loin d’être compatibles avec ceux des autres, il songe à un split dans les règles de l’art. Il est légèrement hypocondriaque et ce qui lui fou le plus les boules s’appelle sclérose en plaques alors qu’il est plus proche de claquer d’une cirrhose ou d’une attaque. Parfois paranoïaque et souvent ingérable, Clay fait des cocktails de stupéfiants, s’endort avec une cigarette allumée et est incapable de prendre l’avion. Il voudrait qu’à sa mort on dise de lui qu’il était la personne la plus talentueuse jamais née.